En 1862, tous les théâtres du boulevard furent démolis. Le 15 juillet à minuit, la dernière heure du boulevard du Temple a sonné. Le « Boulevard du Crime » est supprimé, les théâtres dispersés…Ce fut un véritable deuil pour le Tout Paris ! On proteste, on pétitionne… rien n’y fait ! L’impitoyable Préfet Haussmann maintien sa décision, les théâtres ont annoncé leurs dernières représentations. Avant d’émigrer rue de Bondy, le théâtre des Folies Dramatiques présente « Les adieux du boulevard du Temple », pièce fantastique en 3 actes et.. 14 tableaux.
Recevant d’importantes indemnités, en francs or, leur permettant de se réinstaller et de faire de surcroît de très substantiels bénéfices, le théâtre de la Gaîté déménage ainsi aux Arts et Métiers, le théâtre Lyrique (futur théâtre du Châtelet) et le Cirque impérial (futur théâtre Sarah Bernard) place du Châtelet, celui des Délaissements comiques rue de Provence. Le théâtre du petit Lazarini, les Funambules ainsi que tous les autres petits théâtres disparurent.
Quant au théâtre Déjazet, il en réchappa… pour l’unique raison qu’il se trouvait… sur le mauvais trottoir (côté impair du boulevard), la démolition du boulevard décidée par le Baron Haussmann ne s’appliquant, pour des raisons pratiques et de sous-sol, que sur le côté Est, à savoir, côté pair. Les faits étant par nature têtus… et l’histoire pleine de malice, étant le seul rescapé, c’est en 1858 que la célèbre comédienne Virginie Déjazet, qui veut offrir au jeune Victorien Sardou un cadre digne de ses productions, obtient le privilège.
Le 27 septembre, le lieu prend le nom de théâtre Déjazet (également appelé Folies-Déjazet), appellation qu’il conservera durant l’essentiel de son histoire. Virginie Déjazet le dirige avec l’aide de son fils, Joseph-Eugène, jusqu’au 3 juin 1870, date de sa représentation d’adieu.
Virginie Déjazet et ses enfants, qui, comme tous les autres propriétaires de théâtres, avaient attendu cette manne inespérée pour renflouer leur trésorerie et sortir des graves difficultés financières qui, déjà à l’époque, étaient le sort de tous les théâtres, ne pouvant plus tenir fermèrent le théâtre.